Depuis ses débuts en 2000, l’agence Harquitectes articule tous ses projets autour du confort d’usage, été comme hiver, avec des enveloppes performantes et des dispositifs techniques simples et efficients. Le centre civique à Barcelone en est un parfait exemple. Le bâtiment, composé de bureaux et de salles de classe et de réunion, regroupe à la fois un centre de formation pour adultes avec près de 500 participants chaque année, les bureaux du Centre de normalisation linguistique et une maison des associations du quartier. À l’ouest du centre-ville historique, l’ensemble prend place sur un site triangulaire autrefois occupé par la verrerie Planell, une cristallerie artistique ayant joué un rôle de premier plan dans le développement industriel de Barcelone au cours de la première moitié du XXe siècle. Ici ont été fabriqués des objets en verre et des éléments de mobilier, ainsi que des lampes exportées jusqu’en Amérique. L’usine est progressivement devenue l’une des plus importantes verreries d’art d’Europe. L’édifice de deux étages surmontés par une corniche en saillie date de 1913 et ses façades de style moderniste catalan sont l’œuvre de Josep Graner i Prat. Ces dernières, tout en briques, étaient ponctuées de pilastres à chapiteaux ornementés et de grandes fenêtres voûtées permettant à la lumière d’entrer dans les lieux de travail. Les ateliers sont restés opérationnels jusqu’en 1957, peu de temps après le décès de son fondateur, Leopold Planell. Au cours des 50 années suivantes, les murs ont été recouverts, les façades sont devenues aveugles et le bâtiment a finalement été laissé à l’abandon. Il y a quelques années seulement, l’administration municipale a décidé de récupérer cet exemple d’archéologie industrielle dont deux des trois façades avaient entre-temps été classées.
Le nouvel édifice occupe l’ensemble de la parcelle et se déploie sur quatre niveaux. Le projet d’Harquitectes se positionne en retrait de l’existant. Mais les architectes ont transformé cette nécessité de s’éloigner des murs historiques en avantage en termes d’efficacité énergétique. Côté ouest, un grand mur aveugle en briques rouges s’élève au nu du mur d’enceinte et vient créer une barrière protectrice, aussi bien thermique que phonique. Côté sud, un vide étroit entre la peau externe et la nouvelle maçonnerie protège les salles de classe de l’important ensoleillement de la région et des bruits de la ville. Cette mise à distance est reproduite au sommet nord, avec une cour intérieure triangulaire où se trouve l’entrée principale ; elle fait office d’espace tampon entre les usages administratifs du bâtiment et les rues animées à l’extérieur. Ces cavités sont surmontées d’une couverture transparente, de même que l’atrium qui s’étire au centre du plan pour desservir les différentes salles, créant autant de puits de lumière dans cette construction presque hermétique. Ces espaces servent également d’échangeurs de chaleur au fil des saisons. Effectivement, Harquitectes avait pour principale stratégie d’efficacité l’optimisation de l’apport en lumière naturelle et de l’inertie de l’enveloppe afin de réduire au maximum la consommation énergétique. Pourtant, pour atteindre les niveaux de confort réglementaires au sein des établissements publics, les concepteurs ont intégré la géothermie et des panneaux solaires en toiture. La consommation d’énergie minimale, de l’ordre de 30 kWh/m2/an, inférieure à celle d’un bâtiment classique, est alors complétée par un pourcentage d’énergie autoproduite.
Dans cette réalisation remarquable, puits de lumière, inertie thermique, géothermie et panneaux solaires sont complétés par un puissant dispositif de renouvellement d’air. « En hiver, il faut maîtriser les déperditions thermiques dues au renouvellement de l’air, racheter la forte charge interne accumulée du fait de l’inertie de la structure murale et aspirer de l’air frais dans l’atrium, qui agit ainsi comme un recyclage naturel d’air. En été, la chaleur doit être dissipée en déplaçant le plus grand volume d’air possible et l’air neuf doit être strictement naturel, à base de cheminées solaires et de chapeaux appliquant l’effet Venturi », expliquent les architectes. Cet effet Venturi indique que si l’espace où un fluide passe diminue, la pression du fluide diminue également et sa vitesse augmente. Le système de cheminées permet donc à l’air de s’y engouffrer et, « tiré vers le haut », d’en sortir rapidement. La ventilation transversale entre les cours est exclue par les nécessités du programme, c’est pourquoi le plan est organisé par « bandes » d’usages différents, ce qui permet à l’air de circuler verticalement. De plus, les grandes cheminées en toiture confèrent au bâtiment une silhouette et une matérialité transparentes qui font écho au passé de la verrerie et à son caractère industriel. L’effet est accentué par un dernier étage en briques de verre qui amène cette transparence progressivement jusqu’au ciel, allégeant ainsi la trame du bâtiment au fur et à mesure qu’il s’éloigne du sol.
LOCALISATION Barcelone, Espagne
ARCHITECTES Harquitectes
ÉQUIPE Blai Cabrero Bosch, Montse Fornés Guàrdia, Toni Jiménez Anglès, Berta Romeo, Carla Piñol, Xavier Mallorquí, Andrei Mihalache
MAÎTRISE D’OUVRAGE Barcelona d’Infraestructures Metropolitanes SA (BIMSA)
PROGRAMME Transformation d’une ancienne cristallerie en centre civique
SURFACE 1 694 m²
ÉTUDES 2012-2014
CHANTIER 2014-2016
LIVRAISON Novembre 2016
BUREAUX D’ÉTUDES ET CONSULTANTS
ENVIRONNEMENT ARS Project
STRUCTURE DSM Arquitectes
INGÉNIERIE TDI
VISUALISATION 3D Playtime
ENTREPRISES
STRUCTURES/MAÇONNERIE Construcciones Deco SA
CVC/PLOMBERIE/ÉLECTRICITÉ Mercadomótika, SL
INSTALLATION ET GESTION DE LA MOTORISATION Controlli Delta Spain SA
ASCENSEUR Orona
STRUCTURE MÉTALLIQUE Transmetal SA
MOTORISATION Geze Iberia
CHEMINÉES SOLAIRES IASO
MENUISERIES EXTÉRIEURES Carinbisa SA
MENUISERIES INTÉRIEURES Decoval