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ARRÊTONS L'HYPER-PERFORMANCE DANS LE NEUF !

CONSTRUCTION | AVIS D'EXPERT | #ÉCOLOGIE | #PERFORMANCE ÉNERGÉTIQUE | #BÂTIMENTS NEUFS
Rédigé par Olivier Namias | Publié le 12/08/2020

Démontrant que les bâtiments neuf ultra-performants de type BEPOS n'améliorent les problématiques énergétiques et environnementales qu'à la marge, Franck Boutté propose de concentrer l'effort d'amélioration sur le parc existant et de repenser sa relation énergétique avec le neuf grâce à de nouveaux périmètres de réflexion et outils de financements.

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Portrait de Franck Boutté
© Fabrice Dunou
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le BEPOS (bâtiment à énergie positive)
© Franck Boutté Consultants
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Alors que le BEPOS (bâtiment à énergie positive) s'applique à une seule construction, Franck Boutté et son équipe ont créé le TEGPOS (territoire à énergie globale positive) pour obtenir un calcul énergétique qui puisse s'équilibrer à l'échelle de plusieurs bâtiments.


© Franck Boutté Consultants
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© Franck Boutté Consultants
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Raccordement des bâtiments au réseau de chaleur urbain (CPCU) et façade sud photovoltaïque, Paris 15e, 2012.


© Franck Boutté Consultants
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Systèmes et dispositifs de compensation entre le projet « Mille Arbres » et son environnement immédiat, Réinventer Paris, Paris 17e, 2023


© Franck Boutté Consultants
LANCER LE DIAPORAMA

Franck Boutté

Ingénieur civil, architecte, enseignant, fondateur de Franck Boutté Consultants, agence et laboratoire d'idées spécialisés en conception et ingénierie environnementales du bâti et des territoires.

► http://franck-boutte.com/

 

La réglementation s'attache à la performance énergétique des bâtiments, et f ixe des objectifs toujours plus ambitieux. Après le BBC, elle souhaite atteindre un niveau de consommation nul, voire négatif, c'est-à-dire supérieur aux besoins du bâtiment lui-même. Quelles sont, selon vous, les limites de cette dynamique ?

Ma première critique repose sur la structure du parc bâti. Chaque année, nous construisons en moyenne 300 000 logements neufs, pour un parc existant de 30 millions de logements. La construction neuve ne représente que 1 % du stock, ce qui veut dire qu'au rythme de construction actuel il faudrait au minimum 100 ans pour mettre à niveau tous les logements. Or, un siècle pour renouveler notre environnement bâti, c'est une éternité au regard de l'agenda fixé par le réchauffement climatique. Il apparaît nécessaire de changer d'approche, et rapidement.

 

Pourrait-on compenser les manques des bâtiments existants en augmentant la performance des bâtiments neufs ?

Quand le calcul prend en compte les consommations énergétiques des deux parcs, le bilan est encore plus défavorable. Chaque mètre carré construit aujourd'hui présente une 2 /an, pour prendre une moyenne équivalente au niveau de la réglementation thermique actuelle. C'est-à-dire que chaque mètre carré de bâtiment neuf va consommer 50 kW/h par an, contre 250 à 500 kWh/an dans le stock de 99 % constitué des bâtiments existants. Soit un rapport de 1 à 5 voire 1 à 10 dans les cas extrêmes. Donc, si l'on raisonne en termes d'énergie globale, le neuf pèse un dixième voire un cinquième de 1 % du bâti, soit 0,1 à 0,2 % du flux énergétique. Ce calcul montre qu'il ne faudrait pas 100, mais 500 ou 1000 ans pour optimiser la consommation énergétique du parc bâti, ce raisonnement sur le logement pouvant être extrapolé aux autres secteurs. Par conséquent, faire la course au bâtiment passif, zéro énergie ou BEPOS (Bâtiment à Énergie Positive) revient à faire de la sur-optimisation sur un gisement marginal, ce qui nous éloigne toujours plus des objectifs de décarbonation f ixés pour la France.


Quel est l'impact de cette optimisation sur le coût énergétique et financier du projet ?

Les deux sujets sont corrélés : plus on cherche à construire des bâtiments performants, plus on dépense de l’argent et de l’énergie grise, car l’économie d’énergie ne s'obtient qu’en utilisant un surcroît de matière. Il est beaucoup plus économique en termes d'euros et de CO2 d’abaisser les niveaux de consommation énergétique d’un bâtiment existant de 250 à 150 kW/h que de réduire les consommations d’un projet de 50 à 0 kW/h. La courbe des dépenses suit une courbe non linéaire, qui commence par une ascension courte suivie d’un long plateau. Lorsqu’on fait varier l’épaisseur d’isolant de 0 à 10 cm, le gain énergétique est très important. Mais lorsque l’on rajoute 10 cm d’isolant pour passer de 30 à 40 cm, l’effet sur les économies d’énergie blanche – celle que l’on consomme pour nos besoins quotidiens en phase d'usage du bâti – est marginal, alors que dans le même temps la dépense en énergie grise augmente. En résumé, il faut toujours plus de matière pour obtenir des gains énergétiques de plus en plus faibles.

« Faire la course au bâtiment passif, zéro énergie ou revient à faire de la sur-optimisation sur un gisement marginal. »

Que préconisez-vous ?

Il faut commencer par retrouver un juste équilibre entre l'énergie de flux - celle liée à l'usage et à l'exploitation - et l'énergie de stock, c'est-à-dire l'énergie employée pour la fabrication des matériaux constituant un édifice. Cette approche commence à peine à émerger. Elle ne figure dans aucun cahier des charges, à part peut-être sur les aménagements en cours pour les Jeux Olympiques 2024. Pour le reste, nous sommes toujours figés dans un raisonnement monocritère et maximaliste, partant du postulat erroné que plus on en fait, mieux c'est , un postulat à l'opposé du principe directeur de toute démarche de soutenabilité : faire mieux avec moins dans un équilibre révisé entre valeurs matérielle et immatérielle. Nous sommes face à une double faillite : un rapport d'efficience énergétique de plus en plus médiocre obtenu en renchérissant le coût de la construction, et une détérioration résultant de l'accès au logement. Et tout cela pour n'agir qu'à la marge sur les problématiques de consommation !


Si l'on recherche cet équilibre, le calcul de l'efficacité énergétique à l'échelle du bâtiment est-il encore pertinent ?

Il faut arrêter de chercher l'hyper-performance dans le neuf, et travailler sur d'autres valeurs que l'énergie blanche - l'énergie grise, l'économie circulaire et le réemploi des matériaux, etc. Si aucun effort particulier n'est fait, l'énergie grise d'un bâtiment neuf au niveau de consommation de la RT 2012 équivaut à l'énergie dépensée sur une période qui peut aller jusqu'à 50 ans. A contrario, dans l'existant, la valeur de l'énergie grise est nulle car intégralement amortie au bout d'un certain temps. Au-delà de cette comptabilité, il faut prendre en compte des effets corrélés et/ou induits qu'il est impossible de mettre dans une équation limitée au bâtiment. Il faut partir du territoire et raisonner en équilibre global de l'ensemble des énergies. Pourraient être prise en compte l'énergie de la mobilité , une énergie du changement d'état soit la possibilité de transformer les bâtiments, une énergie d'usage par mètre cube et non par mètre carré. À l'agence, nous avons formalisé le TEGPOS (Territoire à Énergie Globale Positive), un outil qui sert à conceptualiser ce changement d'échelle et cette approche globale de l'énergie. L'outil, conceptuel et méthodologique, mais aussi cheval de Troie, nous permet d'éviter de tomber dans les travers de la sur-optimisation, qui conduit à des bâtiments compacts, sans balcon, avec des parties communes sans fenêtres, etc. L'idée est plutôt une optimisation raisonnée pour avoir des volumes plus généreux, des surfaces de vitrages plus importantes, des formes non canoniques au regard du seul critère thermique mais plus intéressantes en matière de bilan énergétique global du territoire - et pour les occupants.


En prenant en compte ces données, comment repensez-vous le rapport neuf / existant ?

On ne se détourne pas de la construction neuve, mais on cherche à lui faire porter d'autres fonctions et répondre à d'autres enjeux centraux sur l'énergie grise, la qualité d'usage, etc. La construction neuve devient un terrain d'expérimentation des dispositifs et des solutions qui pourraient être transposés dans l'existant, ou se mettre à son service. De ce point de vue, même une bâtiment BEPOS peut se révéler utile s'il est conçu dans une logique d'altérité et de solidarité territoriale. Aujourd'hui, c'est dans le neuf que l'on injecte les moyens techniques, financiers et conceptuels, il offre donc un levier d'intensité décuplé sur la ville existante, à laquelle on ne consacre malheureusement que des moyens très faibles.


Pourriez-vous donner un exemple de ce mécanisme ?

Beaucoup de sujets que nous avons en étude illustrent cette logique. Penser en termes d'externalités positives et négatives du projet fait désormais partie de notre réflexion courante orientée vers un impact global positif. Par exemple, étudier la capacité d'un bâtiment neuf à éclairer un espace public, à réfléchir de la lumière sur un immeuble mal exposé ou même lui redonner des vues et un accès au ciel. Pour un écoquartier, il peut être intéressant de penser l'approvisionnement énergétique dans une logique de mutualisation, et de connecter les quartiers voisins d'un éco-aménagement à un même réseau vertueux. Nous avons mis cette logique en place sur le quartier Hoche, à Nanterre, un écoquartier qui produit de l'énergie à la fois pour lui mais surtout pour les logements sociaux voisins, plus gros consommateurs ; une illustration de la péréquation et de la solidarité énergétiques. À Bordeaux, l'installation de la Cité Municipale en face du Palais Rohan - l'ancien Hôtel de Ville et le Musée des Beaux-Arts - nous avait donné l'occasion d'expérimenter ce dispositif à une échelle plus réduite, dans un objectif cette fois de synergie entre construction neuve et existant à haute valeur patrimoniale.

« La construction neuve doit devenir un terrain d'expérimentation des dispositifs et des solutions qui pourraient être transposés dans l'existant, ou se mettre à son service. »

Comment étendre ce dispositif ?

Nous envisageons le passage à l'échelle territoriale. Il faut aller chercher les externalités sans se limiter au champ énergétique et penser les co-bénéfices au-delà des bénéfices directs pensés sur le périmètre de l'opération. Notre travail à toutes les échelles de l'urbain nous permet cette réflexion multiscalaire. On peut imaginer convertir de l'énergie blanche en énergie grise ou écosystémique en élargissant le périmètre d'étude et en travaillant le cadre de gouvernance, réglementaire, financier propice à l'innovation à impact global positif. Prenons l'exemple du projet Mille Arbres que nous avons imaginé avec Sou Fujimoto Architects, Manal Rachdi OXO Architectes, la Compagnie de Phalsbourg et OGIC dans le cadre de l'appel à projets innovants Réinventer Paris en 2016.

 

L'esprit du projet était de faire une couture urbaine entre Paris et Neuilly au-dessus du périphérique et d'offrir sur les toits la possibilité d'habiter un petit morceau de nature dense, aux vertus multiples, contraignant de fait la possibilité d'installer sur le bâtiment lui-même une production énergétique de grande ampleur. Plutôt que viser la positivité énergétique à l'échelle du bâtiment, comme nous y invitait le cahier des charges de la consultation, nous avons élaboré une stratégie d'optimisation énergétique qui s'appuie sur l'amélioration des performances des immeubles existant autour du projet. Avec les promoteurs du projet, nous avons créé une fondation abondée à hauteur d'un million d'euros, utilisable pour conduire des diagnostics énergétiques préparant la rénovation des constructions voisines. Nous avons proposé d'étendre le dispositif à tous les projets de Réinventer Paris, voire même aux autres opérations d'aménagement sur le territoire. En résumé, en abaissant les exigences sur le neuf, nous pourrions préparer la rénovation des existants environnants. Collectivités, aménageurs, maîtrises d'ouvrage et concepteurs pourraient se retrouver autour d'une bourse de la durabilité, réduire la performance et les coûts de l'opération considérée, qu'elles qu'en soient la nature et l'échelle et sachant que l'effet de levier est proportionnel à la taille, sous réserve qu'elle contribue par d'autres innovations à l'amélioration globale du bâti ou de l'infrastructure urbaine sur son territoire d'accueil.


► Entretien paru dans Ecologik 66 : L'avènement des matériaux bio- et gésourcés ?

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