«Majoritairement conçus pour apporter satisfaction à nos corps et esprits, les artefacts présentés témoignent de nos activités et préoccupations domestiques», explique Juliette Pollet, responsable de la collection design et arts décoratifs du CNAP. Sauf que rassemblés et mis en scène par le duo de designers Gaëlle Gabillet et Stéphane Villard (Studio GGSV), ils nous emmènent dans une dimension parallèle, mi-familière, mi-étrange, nous poussant à les regarder, parfois même à les tester, à la manière d’explorateurs découvrant un monde inconnu. Accumulés de manière quasi compulsive, mais thématique, sur quatre scènes de théâtre, elles-mêmes installées sur une moquette cosmique créée par les commissaires et scénographes, ces objets forment un ensemble plutôt déroutant, à la fois hétéroclite et cohérent. Ainsi dans l’Office, cette petite arrière-cuisine qui peuplait autrefois les logements, ici matérialisée par une roue de la fortune géante, trônent, magistraux, une machine à laver ou un aspirateur sans sac Dyson. Plus loin, à la Réception, l’étrange fauteuil Pratone (Giorgio Cerreti, Piero Derossi et Ricardo Rosso, 1971) orchestre une partition d’assises, composée du canapé Ploum (Ronan et Erwan Bouroullec, 2011) ou encore d’un siège à poils de Jean Royère (1948). Dans l’Aire de jeu, c’est entre les formes totémiques d’Ettore Sottsass et la chaise longue en forme de pied géant UP7 de Gaetano Pesce (1970) que l’on circule, avant d’arriver à l’Antichambre, seuil limite vers une autre dimension, matérialisé par le tapis Troublanc signé Robert Stadler (2011). Et pour une petite méditation en vol, l’Écouteur, installation sonore créée par Laurent Massalou et Jean-Yves Leloup offre aux visiteurs ses fauteuils feutrés. Gare aux turbulences !