Qu'il s'agisse de second œuvre, de sécurité ou de CVC, l'inventivité et l'évolution technique vont à la rencontre du design et des ambitions architecturales ; car derrière l'amélioration du confort d'usage, de la sécurité et des possibilités créatives se nichent des équipements innovants mais qui brillent par leur discrétion. Ils sont invisibles, voire « secrets ». On peut parler ici d'une forme de dématérialisation, à ne pas considérer dans son sens premier. La matérialité reste bien réelle, pour maintenir sa fonction primaire et sa raison d'être ; elle est plutôt dépassée par la technicité, qui s'efface à son tour pour ne laisser place qu'à l'usage, poussé à l'essentiel, sans autre artifice apparent.
Pureté esthétique diront certains, minimalisme futile, superficialité coûteuse et inutile penseront d'autres. Pourtant, cette orientation, sinon cette tendance, vient questionner le processus de la conception de l'architecture. Comment dessiner l'invisible ? concevoir un produit en le faisant disparaître ? inventer ce qui se met en retrait au profit de l'esthétique ? La limite avec la créativité utopique est toute proche puisque le projet en devient non perceptible dans ses détails et principes conceptuels. Les espaces étant davantage ouverts, on vient exhiber l'invisible en dissimulant ce qui était jusque-là éprouvé par certains de nos sens. Avec pour finalité, recherchée ou non, la stimulation d'autres, et ce d'une manière tout à la fois plus sophistiquée et délicate qu'auparavant.
Ces équipements et matériaux s'adaptent et devancent même les aspirations des usagers. Ils apportent un effet de surprise, parfois accentué par un trompe-l'œil, une ambiance plus pure, sans rupture, renforçant ainsi l'esprit d'un lieu. Ou bien ils sont « l'âme » indécelable d'un système plus global, élément primordial de différenciation sur un marché. La technique appelle l'esthétique et la fonctionnalité, à moins que ce ne soit l'inverse.
Les bureaux R&D ont bien saisi l'enjeu en se mettant au service du fantasme architectural. Chauffage réversible intégré au sein des plancher, paroi et plafond, pleine lumière via de vastes baies aux masses vues réduites à l'extrême, cloisons vitrées aux joints indétectables pour une linéarité sans précédent, charpentes de grande envergure sans connexion apparente des pièces porteuses… La liste des possibles est encore longue. L'intégration de la complexité et de l'ingéniosité techniques dans de nouvelles solutions rejoint l'univers du bâtiment invisible, ou plus exactement du bâtiment se fondant dans son cadre, citadin ou non. Bien-être des occupants, durabilité et moindre impact environnemental sont au cœur des raisons de cette émergence.
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