Rédigé par Jean-François Pousse | Publié le 18/03/2020
À moins de 2,5 kilomètres de la gare TGV, jouxtant le centre-ville, le Palais de la musique et des congrès surnommé PMC est au cœur du quartier des institutions européennes. Curieux quartier d'ailleurs en cours de mutation, au tissu urbain encore discontinu, ponctué d'immeubles disparates, solitaires et massifs, trop souvent médiocres, longés par des canaux ou disséminés en pleine nature, comme le PMC, entouré d'arbres, en particulier de beaux platanes. Son histoire remonte au début des années 1960 quand un premier programme est confié à Le Corbusier (Richard Klein, Le Corbusier et le palais des congrès de Strasbourg, éditions Picard, 2011). Abandonné à la suite de son décès, le projet est confié plus tard à l'architecte François Sauer qui livre le PMC1 en 1974. Un bâtiment sans grâce aucune à l'extérieur, puissante à l'intérieur, presque brutaliste, tramée, structurée, charpentée, fière de son béton à nu, de sa grande salle philharmonique Érasme. L'extension de 1988 (PMC2) de moindre qualité, signée Paul Ziegler, ajoute l'amphithéâtre Schweitzer, des salles de commission et de restauration. Près de vingt-cinq ans plus tard, vieilli, dépassé, inadapté, l'équipement à la traîne de ses homologues nationaux et germaniques met l'attractivité de Strasbourg en difficulté. Le projet de transformation amorcé, une consultation restreinte désigne le groupement des Strasbourgeois Rey-Lucquet et associés (mandataire) et des Autrichiens Dietrich et Untertrifaller. Les images d'avant-travaux mesurent la puissance et la subtilité du travail accompli, l'acuité et la liberté des regards. Refermé sur lui-même, le PMC s'ouvre désormais, entouré de façades-rideaux toute hauteur, protégées par un péristyle continu aux colonnes d'acier fluides et anguleuses, lien et unité entre les deux bâtiments existants transformés et un nouveau - le PMC3 - dévolu aux expositions et à la restauration (3 000 m2 ). L'ensemble monumental reprend et amplifie la géométrie polygonale de l'existant, dessine un plan en trèfle au cœur duquel s'ouvre le hall. Haut de 14 mètres et vaste grâce à la suppression d'un niveau, lumineux après l'ouverture de skydomes, il distribue toutes les activités, révèle la puissance de l'ossature originale triangulaire en béton passé au blanc. La salle Schweitzer passe de 900 à 1 200 places, l'espace philharmonique s'agrandit, s'entoure de locaux de répétition. Au-dessus de l'entrée, la salle Marie-Curie, rouge, attire les regards comme un photophore. Démarche de tricotage et d'humilité, de sensibilité au meilleur de l'existant débarrassé de l'accessoire, magnifié par l'apport calme et serein de l'architecture contemporaine.
[ COULEURS CRUES ]
Même distrait, le visiteur ne peut qu'être frappé par la force des couleurs du PMC. Suivant les heures, le péristyle passe du noir d'huile au gris bleu acier sur lequel tranche le rouge déjà signalé de la salle Marie-Curie. Par contraste, la blancheur du hall n'en est que plus puissante, accentuée par la lumière des fluos dissimulés dans les gorges des plafonds triangulaires. Pour les salles, trois couleurs électriques : du rouge vif pour Érasme, repris de l'existant ; du violet pour Schweitzer, y compris les fauteuils ; pour Cassan, le vert cru voulu par les architectes finalement abandonné fait place au bleu plus calme.
[ UN PÉRISTYLE CONTEMPORAIN ]
Des trois bâtiments composant le PMC, le péristyle représente une seule entité. Figure unificatrice, il est constitué de 125 colonnes d'environ 14 mètres de hauteur portant un auvent métallique de 4 à 10 mètres de profondeur, qui fait office de marquise devant le mur-rideau des façades. Développé sur 950 mètres de longueur, il crée un cheminement extérieur à l'abri des intempéries. Chaque pilier à structure en acier est composé d'un tube vertical à section carrée toute hauteur et, comme pour une coque de bateau, de couples sur lesquels vient s'accrocher un parement d'inox brossé. Il n'y a que cinq types de colonnes, constituées de 12 à 20 tôles aux arêtes vives chanfreinées.
⇒ Projet paru dans exé 27 spécial façade métallique
FICHE TECHNIQUE
LOCALISATION Strasbourg (67), France
ANNÉE 2016
ARCHITECTE Rey-Lucquet et associés (mandataire / lead) + Dietrich | Untertrifaller Architekten
COLLABORATEURS A. Vollmar, B. Hein, H. Walker, E. Delvoye (chefs de projet /lead project)
MAÎTRISE D'OUVRAGE Eurométropole de Strasbourg
PROGRAMME Extension, restructuration et mise en conformité du PMC de Strasbourg
SURFACE NETTE 44 500 m² dont 12 000 m² d'extension
CONCOURS 2011
RÉALISATION 2013-2016
LIVRAISON 2016
BUREAUX D'ÉTUDES ET CONSULTANTS
STRUCTURE FLUIDES OTE Ingénierie
HQE Solares Bauen
ACOUSTIQUEMüller-BBM
SCÉNOGRAPHIE W. Kottke
PAYSAGE Digitale paysage
ÉCONOMIE OPC C2BI
CUISINE Écotral
FAÇADE CEEF
FOURNISSEURS PRINCIPAUX
FAÇADE StoVentec
SIÈGE Poltrona Frau Italie
MOQUETTE Vorwerk
BÉTON CIRÉ Weber et Broutin
PLÂTRERIE Siniat