Été 1931. À l’aube de la seconde guerre mondiale, la ville d’Oita située sur la principale île du sud du Japon, voit naître celui qui 87 ans plus tard, se verra remettre le prestigieux Pritzker Architecture Prize : Arata Isozaki. L’architecte japonais à la tête de l’agence Arata Isozaki & Associates implantée à Tokyo, succède à son confrère indien Balkrisna Doshi, rallongeant ainsi sa vertigineuse liste de distinctions. Après une enfance marquée par la destruction massive de son pays natal suivie d’une longue période d’occupation d’après-guerre, le jeune Arata décide de voyager pour étudier d’autres villes aux codes esthétiques très contrastés. Il traversera alors plusieurs fois la Chine, le Moyen-Orient et les États-Unis avant ses 30 ans pour finalement terminer son apprentissage chez celui qui deviendra son maitre, l’architecte moderniste à l’influence internationale Kenzo Tange. Un parcours audacieux, riche d’une vision architecturale à la fois cosmopolite et traditionnelle, qui lui vaudra cette année la prestigieuse distinction américaine.
« Isozaki a été pionnier dans sa compréhension du fait que l’architecture est à la fois mondiale et locale, que ces deux forces font partie d’un même défi » commentait Stephen Breyer, président du jury du prix Pritzker.
C’est dans les années 1960 qu’il ouvre sa propre agence. Un début de carrière marqué par une appartenance au courant brutaliste au cours de laquelle l’usage du tout-béton est clairement assumé dans ses réalisations. Il enrichira peu à peu son œuvre en abordant des concepts métabolistes – notamment en 1962 avec le plan pour le quartier Shinjuky de Tokyo « City in the Air » -, et se laissera par la suite porter par les influences de la « sécession viennoise » et du mouvement post-moderniste. Guidé par la philosophie du « Ma » – notion d’espace ou d’espace-temps qui relie les choses et leur donne leur sens –, il propose tout au long de sa carrière des projets architecturaux éclectiques qui font aujourd’hui référence. Du Musée d’art municipal de Kitakyushu en 1974, à la tour Allianz de Milan en 2014, en passant par le stade Palau Sant Jordi de Barcelone en 1992, sans oublier la salle municipale de Kamioka, le Museum of Contemporary Art (MOCA) de Los Angeles, et le National Convention Center au Quatar, c’est une véritable collection de réalisations aux formes géométriques simples qui est disséminée un peu partout dans le monde. L’obtention du prix Pritzker permet à l’architecte Arata Isozaki de rompre son anonymat auprès du grand public, une ultime distinction qui honore le travail de tout une carrière.