Charles-Édouard Jeanneret aurait voulu être peintre, mais sa destinée artistique prit un autre chemin, ce qui ne l’empêcha pas de côtoyer Fernand Léger ou Picasso, ni d’inventer un langage plastique pour représenter le monde autrement. En témoignent la villa Savoye ou la chapelle Notre-Dame-du-Haut à Ronchamp, expressions flamboyantes de la modernité, parmi nombre d’autres laissées à la postérité par Le Corbusier, nom de plume que l’architecte choisit en 1920 pour écrire dans L’Esprit Nouveau, revue internationale d’esthétique qu’il dirige pendant cinq ans. En hommage au Maître, la maison Phaidon réédite cet automne un ouvrage de référence paru en 2008, dans un format événement : dix chapitres et 864 pages riches d’informations historiques et d’anecdotes, de croquis inédits, de photographies d’archives, d’articles de journaux, mais aussi de lettres personnelles, apportant un nouvel éclairage sur l’homme et ses relations avec Joséphine Baker, Jean Prouvé et d’autres de ses contemporains. Le livre est de plus complété par une brochure où sont retranscrits ou traduits les documents difficilement lisibles ou écrits en langue étrangère par "Corbu", et documente ainsi de manière exhaustive l’œuvre de celui qui transforma à jamais l’architecture et le paysage urbain. À lire comme un roman donc… ou à contempler comme un tableau. Avec plus de 2 000 images, l’essai est tout autant visuel, dévoilant par exemple ses premiers carnets de voyage, dans lesquels il consigne des dessins de bâtiments, et même ses fresques murales de la villa E-1027 d’Eileen Gray où il séjourna tous les étés. De la Maison blanche à La Chaux-de-Fonds – l’une de ses toutes premières commandes, réalisée pour ses parents –, aux vastes projets d’urbanisme de Shodhan et Sarabhai en Inde, se déroule ainsi, d’un édifice à l’autre, une vie haute en couleurs… et qui méritait bien un tel pavé !