ENTRETIEN AVEC GUILLAUME FREYERMUTH,
Architecte associé de Bétillon & Freyermuth Architectes
Vous convoquez une esthétique du pragmatisme dans votre pratique ; quel rôle y joue la structure porteuse ?
Nous essayons d'éviter au maximum les écueils d'une architecture expressive, imagée. Notre architecture cherche sa radicalité dans la générosité des volumes, dans la création d'une variété d'ambiances aux qualités climatiques ou lumineuses changeantes. Nous revendiquons une architecture malicieuse, élaborant des espaces sensibles et partagés. Pour le projet du gymnase, au travers d'un emploi minimal des matériaux, où chaque élément joue un rôle : les voiles de béton pour les éléments de soutènement, les portiques métalliques pour franchir l'aire de jeux, les composants techniques et structurels visibles, nous développons une architecture pragmatique dont résulte une esthétique par défaut. La beauté est parfois dans l'inattendu.
La géométrie de ce gymnase est particulièrement fondamentale ; était-ce en réponse au paysage hétérogène qui l'entoure ?
Lors du concours, nous nous sommes efforcés de répondre avec le même pragmatisme aux questions soulevées par le programme. Le gymnase se trouve sur un terrain en pente, à l'articulation de plusieurs autres équipements, une piste d'athlétisme, un parking et un lycée. Le parti architectural, en alignant les différentes aires de jeux, crée un grand parvis surplombant, assurant ainsi liaison et cohérence entre les différents équipements de la zone. La cuvette de béton qui abrite l'aire de jeux permet la pratique du sport à l'abri, mais donne l'impression d'être sur un playground extérieur, les vitrages en partie haute offrant la possibilité de voir le ciel dans toutes les directions et de conserver un lien avec le paysage environnant.
À l'heure des enjeux environnementaux et du « bois sauveur », vous faites le choix de l'acier pour cette réalisation ; pour lesquelles de ses vertus ?
Dans notre démarche, le choix d'un matériau s'effectue toujours par rapport à un contexte, une contrainte ou une justification économique. Pour ce projet, les impératifs urbains et programmatiques nous ont imposé une hauteur utile intérieure et une hauteur globale du bâtiment, que nous n'avons pu respecter que par le choix technique du métal.
Aviez-vous étudié la mise en œuvre d'autres matériaux pour la charpente ?
Non, dès la genèse de l'opération, nous souhaitions opérer un lien très fort entre intérieur et extérieur, l'idée de poser une boîte transparente sur le socle de béton, cette notion de jouer comme en plein air. Cette réflexion nous a naturellement conduits vers le travail du métal.
La trame et le dimensionnement des portiques ne sont-ils qu'une question d'effort et de portée ?
Notre pratique se définit par une simplicité radicale. Le dimensionnement de la structure correspond aux besoins de franchissement et de charges, nous n'avons fait que composer avec ces données pour définir une trame cohérente vis-à-vis du programme et des espaces à générer.
Quels étaient les objectifs derrière le choix d'une poutre PRS au lieu d'une poutre treillis, par exemple ? Et, plus généralement, qu'est-ce qui guide le choix de tel ou tel profil ?
Dès le départ, nous avons opté pour une poutre caisson. La structure visible joue un rôle d'organisation de l'espace, de partition des différentes aires de jeux. La structure devait séquencer l'espace sans perturber le volume de jeux. Par la suite, nous avons instauré un dialogue avec nos bureaux d'études et nos entreprises pour optimiser le savoir et l'expérience de chacun. L'architecture gagne à être une œuvre collective.
⇒ Entretien paru dans exé 38 : Espaces culturels