L’architecte Hans Hollein a déjà sa place dans la grande histoire de l’architecture du XXe siècle : né en 1934 à Vienne, il est considéré comme l’un des acteurs de l’architecture radicale et comme l’un des précurseurs du mouvement postmoderne. Au début de sa carrière, il réalise des photomontages puis des collages qui font sa renommée. Des « images-chocs », mais pas forcément évidentes à lire – ainsi, le porte-avion perdu en pleine campagne autrichienne évoque-t-il le paquebot cher aux modernes (Aircraft-Carrier-City Enterprise, 1964). En détournant les références, ses travaux graphiques interrogent le statut de l’architecture, questionnent ses relations aux représentations, aux médias, à la matérialité. Hollein use de la fiction et entrechoque les images pour critiquer les rêves échoués des adeptes du Mouvement moderne comme de leurs héritiers, et cherche de son côté à trouver une puissance expressive propre à son art. Il en arrive à formuler l’idée que « Tout est architecture » (1967), entendant là étendre le champ de la discipline. Parallèlement à ses recherches théoriques, l’architecte mène une œuvre construite, pas moins radicale. Parmi ses projets les plus marquants, citons la Haas Haus à Vienne, un centre commercial avec restaurant et bureaux dont la façade de verre et de pierre jouxte et joue l’affrontement avec les parois de la cathédrale Saint-Etienne (1990) ; le musée d’Art moderne de Francfort (1991) ou le parc Vulcania situé au cœur de la chaîne des volcans d’Auvergne (1994-2002). Théoricien, praticien, rédacteur en chef (revue Bau), designer, enseignant, Hollein aura déployé sous des formes très diverses son activité architecturale. Une démarche protéiforme saluée par la profession qui lui attribue en 1985 la plus haute distinction, le Pritzker Prize.