Rédigé par Jean-François Pousse | Publié le 21/07/2017
À moins de 2,5 kilomètres de la gare TGV, jouxtant le centre-ville, le Palais de la musique et des congrès surnommé PMC est au cœur du quartier des institutions européennes. Curieux quartier d’ailleurs en cours de mutation, au tissu urbain encore discontinu, ponctué d’immeubles disparates, solitaires et massifs, trop souvent médiocres, longés par des canaux ou disséminés en pleine nature, comme le PMC, entouré d’arbres, en particulier de beaux platanes. Son histoire remonte au début des années 1960 quand un premier programme est confié à Le Corbusier (Richard Klein, Le Corbusier et le palais des congrès de Strasbourg, éditions Picard, 2011). Abandonné à la suite de son décès, le projet est confié plus tard à l’architecte François Sauer qui livre le PMC1 en 1974. Un bâtiment sans grâce aucune à l’extérieur, puissante à l’intérieur, presque brutaliste, tramée, structurée, charpentée, fière de son béton à nu, de sa grande salle philharmonique Érasme. L’extension de 1988 (PMC2) de moindre qualité, signée Paul Ziegler, ajoute l’amphithéâtre Schweitzer, des salles de commission et de restauration. Près de vingt-cinq ans plus tard, vieilli, dépassé, inadapté, l’équipement à la traîne de ses homologues nationaux et germaniques met l’attractivité de Strasbourg en difficulté.
Le projet de transformation amorcé, une consultation restreinte désigne le groupement des Strasbourgeois Rey-Lucquet et associés (mandataire) et des Autrichiens Dietrich et Untertrifaller. Les images d’avant-travaux mesurent la puissance et la subtilité du travail accompli, l’acuité et la liberté des regards. Refermé sur lui-même, le PMC s’ouvre désormais, entouré de façades-rideaux toute hauteur, protégées par un péristyle continu aux colonnes d’acier fluides et anguleuses, lien et unité entre les deux bâtiments existants transformés et un nouveau – le PMC3 – dévolu aux expositions et à la restauration (3 000 m2). L’ensemble monumental reprend et amplifie la géométrie polygonale de l’existant, dessine un plan en trèfle au cœur duquel s’ouvre le hall. Haut de 14 mètres et vaste grâce à la suppression d’un niveau, lumineux après l’ouverture de skydomes, il distribue toutes les activités, révèle la puissance de l’ossature originale triangulaire en béton passé au blanc. La salle Schweitzer passe de 900 à 1 200 places, l’espace philharmonique s’agrandit, s’entoure de locaux de répétition. Au-dessus de l’entrée, la salle Marie-Curie, rouge, attire les regards comme un photophore. Démarche de tricotage et d’humilité, de sensibilité au meilleur de l’existant débarrassé de l’accessoire, magnifié par l’apport calme et serein de l’architecture contemporaine.
QUARTIER DU WACKEN
Le PMC fait partie d’un ambitieux programme de développement conduit par l’Eurométropole de Strasbourg pour accroître l’attractivité de la ville sur le plan régional, national et international. À deux pas du Parlement européen, un quartier d’affaires est en cours de conception. Il accueillera des sièges d’entreprises (Adidas par exemple), des logements, crèches, commerces et le nouveau théâtre du Maillon. L’ancien Parc des expositions détruit sera remplacé par celui conçu par l’agence Dietmar Feichtinger. Prévu pour 2016, il est pour le moment reporté. La piscine nordique du Wacken, praticable toute l’année, a été livrée en 2012.
COULEURS CRUES
Même distrait, le visiteur ne peut qu’être frappé par la force des couleurs du PMC. Suivant les heures, le péristyle passe du noir d’huile au gris bleu acier sur lequel tranche le rouge déjà signalé de la salle Marie Curie. Par contraste, la blancheur du hall n’en est que plus puissante, accentuée par la lumière des fluos dissimulés dans les gorges des plafonds triangulaires. Pour les salles, trois couleurs électriques : du rouge vif pour Érasme repris de l’existant ; du violet pour Schweitzer y compris les fauteuils ; pour Cassan le vert cru voulu par les architectes finalement abandonné, fait place au bleu plus calme.
UN PÉRISTYLE CONTEMPORAIN
Des trois bâtiments composant le PMC, le péristyle représente une seule entité. Figure unificatrice, il est constitué de 125 colonnes d’environ 14 mètres de hauteur portant un auvent métallique de 4 à 10 mètres de profondeur, qui fait office de marquise devant le mur-rideau des façades. Développé sur 950 mètres de longueur, il crée un cheminement extérieur à l’abri des intempéries. Chaque pilier à structure en acier est composé d’un tube vertical à section carrée toute hauteur et, comme pour une coque de bateau, de couples sur lesquels vient s’accrocher un parement d’inox brossé. Il n’y a que cinq types de colonnes, constituées de 12 à 20 tôles aux arêtes vives chanfreinées.
Article paru dans exé 27 spécial Façade métallique (mars-avril-mai 2017)