Considéré comme l'un des plus importants d'Île-de-France, le lycée Robert Doisneau accueille près de 2 800 élèves dans ses filières générales, professionnelles, techniques et ses spécialités artistiques. Face au quartier des Tarterêts à Corbeil-Essonnes, il regroupe une grande mixité sociale et défend des objectifs pédagogiques d'excellence après avoir été inscrit, dans les années 2000, en zone urbaine sensible et d'éducation prioritaire. Mais depuis son ouverture en 1958, peu de travaux ont été effectués sur les cinq bâtiments d'enseignement répartis dans un campus de huit hectares. En 2009, la région lance un concours pour la réhabilitation de deux barres d'enseignement de plus de 150 mètres de long sur cinq niveaux et l'ajout d'extensions en rez-de-chaussée pour un théâtre de 250 places et un pôle restauration de 2 000 repas par jour. Les agences parisiennes DE-SO et Terreneuve s'associent pour faire une contre-proposition : le phasage des travaux de ce chantier complexe en site occupé les conduit à développer « un campus parsemé de pavillons isolés », explique Nelly Breton, cofondatrice de Terreneuve en 2000 avec Olivier Fraisse. C'est ainsi que le restaurant prend place sur un terrain en friche situé, au départ, hors de l'opération ; à l'arrière d'une des barres - rendue traversante - et jouxtant un grand atelier jusqu'alors isolé du reste du campus, le nouveau pavillon permet de répartir les flux sur le site et ainsi régler les problèmes de sécurité. De même, le théâtre devient « un bâtiment signal requalifiant l'entrée du lycée » selon les architectes, intégrant discrètement la loge du gardien et un préau pour la vie scolaire. Sa position en limite de parcelle, le long de la route nationale 7, lui permet de s'ouvrir sur la ville indépendamment de l'établissement. Ces deux pavillons neufs attirent volontairement l'œil par leurs courbes souples bardées de bois, contrastant avec l'existant rigide et métallique. Mais leur point commun est la volonté des architectes de travailler avec sobriété, toutes les façades restant monochromes et mono-matière, « pour laisser la part belle à la végétation », affirme François Defrain, créateur de l'agence DE-SO avec Olivier Souquet en 2005. En effet, la composition paysagère réhabilitée dans les années 2000 forme un élément fédérateur entre les différentes entités du campus, neuves comme rénovées.
[ PHASAGE DÉCALÉ ]
L'une des grandes complexités du projet a été le phasage des travaux en site occupé. Les architectes proposent d'abord « un découpage en 16 parties pour avancer petit à petit et réduire le nombre de bungalows de chantier », raconte Nelly Breton. Mais ces multiples étapes ne sont pas retenues. En parallèle, la maîtrise d'ouvrage revoit son budget de travaux à la hausse pour pratiquement doubler les 17 millions d'euros prévus lors du concours. Mais elle impose des diagnostics destructifs sur des bâtiments vides. Le nouveau phasage comporte alors quatre étapes correspondant à la division en deux de chaque barre à rénover. Le restaurant est livré en premier en 2016, suivi de la barre B qui le jouxte en 2017, puis vient la barre A l'année suivante, pour finir par le théâtre en 2019. Au total, le projet aura nécessité trois années d'études et deux appels d'offres avec réévaluation du programme et du budget initial, cinq années de chantier et pas moins de 24 bâtiments temporaires d'enseignement pour éviter l'interruption des cours pendant les travaux.
[ VÉTUSTÉ RÉPARÉE ]
Le projet comprend la rénovation complète des 12 000 mètres carrés de façade et une restructuration intérieure ciblée sur 24 000 mètres carrés de plancher. Pour l'enveloppe, les éléments d'origine comme les fenêtres en acier à simple vitrage ou les allèges non isolées, en plus du désamiantage, ont incité à une dépose complète des façades par demi-bâtiment. À la place, le choix se porte sur une enveloppe performante avec isolation extérieure et bardage métallique, ouvrants en PVC blanc pour optimiser les coûts et brise-soleil sur les faces est et ouest. Ces derniers, en forme de dièdre, sont constitués d'une structure tubulaire en acier habillée d'un panneau plié en aluminium et résine. À l'intérieur, en plus d'une remise aux normes des équipements techniques, les architectes ont amélioré les circulations aveugles qui distribuent les 16 mètres de large sur 150 mètres de long dans la barre A et 165 mètres dans la barre B. La suppression de certaines salles de classe a permis de créer des halls en double hauteur et des « poches de lumière » dans les étages. Le tout pour moins de 900 euros du mètre carré.
[ COURBES BOISÉES ]
Les deux nouveaux pavillons font la part belle au bois, à l'intérieur comme en façade. Le restaurant, conçu par Terreneuve, est revêtu d'un bardage vertical à claire-voie en lames de douglas massif avec un saturateur gris pour un rendu pré-vieilli du matériau, conférant un aspect homogène à l'ensemble de ses courbes. À part la cuisine en béton au cœur du bâtiment, les trois selfs sont constitués d'une charpente en lamellé-collé allant jusqu'à 17 mètres de portée et de faux plafonds en lames de mélèze à claire-voie avec feutre acoustique et laine de roche comme isolants. La lumière naturelle pénètre dans cet épais bâtiment grâce aux patios éclairant notamment la cuisine et les laveries, où le personnel travaille. Le théâtre, imaginé par DE-SO, est en structure béton pour des raisons économiques, acoustiques et d'inertie. Mais la salle de représentation profite d'un revêtement en planches de pin brutes permettant de diffuser ou d'absorber le son, et de panneaux déflecteurs au plafond. Un espace intimiste pour les lycéens qui s'essaient aux arts de la scène.
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FICHE TECHNIQUE
PROGRAMME Réhabilitation et extension du lycée Robert Doisneau
LOCALISATION Corbeil-Essonnes (91), France
ANNÉE 2019
ARCHITECTES MANDATAIRES DE-SO
ARCHITECTES ASSOCIÉS Terreneuve
ÉQUIPE DE-SO Olivier Souquet, François Defrain, Youngsong Park (concours), Magali Lenoir (études et chantier), Alain Bruner et Mathieu Tran Nguyen (études)
ÉQUIPE TERRENEUVE Nelly Breton, Olivier Fraisse, Géraldine Bouca et Joris Lipsch (études), Alice Lévy-Leblond (DCE et chantier)
MAÎTRISE D'OUVRAGE Région Île-de-France
MANDATAIRE Essonne Aménagement
ASSISTANCE DEV. DURABLE Inddigo
SURFACE NETTE 3 362 m² (neuf), 24 164 m² (réhabilitation), 14 250 m² d'extérieurs
COÛT DES TRAVAUX 32 millions d'euros HT
CONCOURS 2009
ÉTUDES 2009-2014
CHANTIER 2014-2019
LIVRAISON 2019
BUREAUX D'ÉTUDES
TCE Cotec (concours et 1 er DCE)
CUISINE Cosyrest
ACOUSTIQUE Altia
OPC Omega Alliance
STRUCTURE CRBA, IN4 (DCE final à livraison)
FLUIDES Synapse (DCE final à livraison)
ÉCONOMIE SUIVI DE CHANTIER PRCA (DCE final à livraison)
ENTREPRISES PRINCIPALES
GÉNÉRALE Eiffage Construction
ÉLECTRICITÉ Brunet
PLOMBERIE CVC Spie Batignolles Énergie, Sésar
CUISINE Ragueneau
FOURNISSEURS PRINCIPAUX
BARDAGE MÉTALLIQUE Tata Steel, Plafometal (entrée théâtre)
BRISE-SOLEIL Alpolic
MENUISERIE Technal
SOL SOUPLE Forbo, Artigo
SOL DUR Casalgrande Padana, Mosa (théâtre)
SOL STRATIFIÉ Sogal
PEINTURE Seigneurie Gauthier
PARE-PLUIE Serge Ferrari
PARQUET SCÈNE Junckers
BÉTON CIRÉ Création Sud
BOIS STRATIFIÉ Polyrey
SIÈGES THÉÂTRE Mussidan Sièges