Il est question ici d'identité nouvelle, voire d'une naissance. Car d'identité lisible, les bâtiments du stade Marc-Vivien Foé n'en avaient pas jusque-là. Aujourd'hui vétustes et inadaptés, vestiaires, club-house, logement du gardien avaient été construits au fil des ans, sans cohésion globale ; leur enfilade formant simplement un rectangle étiré d'est en ouest.
Au beau milieu, une émergence incongrue sur l'horizontalité des toits-terrasses : la toiture à deux pans du club-house. De plus, l'AS Montchat, principal usager des lieux et des deux terrains de football - l'un homologué pour les compétitions, l'autre servant aux entraînements -, avait de grandes ambitions. Troisième club de football en Rhône-Alpes avec presque 1 000 licenciés, il visait pour l'équipement un classement niveau 5 par la Fédération Française, nécessitant de quasiment tripler les surfaces bâties afin de loger -outre les vestiaires et le club-house - les douches, les rangements, les locaux des arbitres comme ceux du personnel. Avec pour corollaire la réorganisation des flux, notamment dans la perspective de parer aux possibles frictions entre spectateurs et joueurs, quand ces derniers gagnent le terrain ou en sortent. La ville de Lyon, propriétaire du stade, missionna les architectes de Studio Pyc aux fins de mener à bien l'opération de réhabilitation-extension, qui a finalement porté la surface de 327 à 837 mètres carrés.
Au terme du chantier, les vestiaires déjà présents restent entre les murs de refend, ceux-ci étant conservés au maximum. Deux agrandissements ont été pratiqués, en vue d'accueillir notamment les locaux des arbitres : l'un en pignon est du rectangle initial, l'autre contre sa façade nord, tout en préservant un retrait d'un mètre le long des pistes de course. Les dimensions du rectangle sont ainsi portées à 95 mètres sur 12. Au centre de sa grande longueur, un passage couvert le traverse, donnant accès depuis l'extérieur à divers locaux, dont deux sanitaires PMR, et assurant l'évacuation du public. À l'intérieur, une circulation en Z dessert l'ensemble des éléments du programme.
« EN REVANCHE, L'EMPLOI DU BLANC PERMETTAIT D'APPORTER UNE UNITÉ CLAIRE, UNE REMISE EN VALEUR DU BÂTI PLUS INTEMPORELLE. »
Les locaux d'origine avaient été réalisés en maçonnerie, les extensions sont quant à elles en béton armé. Studio Pyc, plutôt que d'accuser les disparités, a joué la carte de l'unification : « La question de l'enveloppe et de sa couleur était donc au cœur du projet. En prenant le parti d'isoler par l'extérieur les volumes existants comme les volumes en extension, l'emploi d'un matériau rapporté s'est imposé : la maille métallique a été choisie pour marquer l'architectonique du projet, associant matérialité, transparence et durabilité. » Quelle teinte utiliser alors, l'équipement étant pris en sandwich entre vert soutenu des terrains de foot et rouge brun des pistes de course ? « L'emploi d'une tonalité spécifique - rouge, jaune ? - n'était pas cohérent avec ce parti d'unification. En revanche, l'emploi du blanc permettait d'apporter une unité claire, une remise en valeur du bâti plus intemporelle. Le blanc répond à la modernité des vestiaires d'origine et, par extension, aux références de l'architecture moderne. »
Parties originelles et extensions bénéficient d'une isolation thermique extérieure par panneaux de polystyrène (épaisseur 15 centimètres), revêtus d'un enduit minéral. Au-devant, un vide de 10 centimètres laisse la place pour disposer l’ossature de lisses horizontales, maintenue sur la maçonnerie par des équerres, et y fixer les panneaux en maille métallique de 2,4 centimètres d’épaisseur, thermolaquée blanc RAL 9003. Continue devant les quelques baies vitrées, la peau métallique change de modèle et présente une trame légèrement moins serrée, avec coefficient de pénétration visuelle de 34 %, si le regard est positionné de face : voici qui assure un effet moucharabieh depuis les espaces intérieurs, et qui procure lumière naturelle en sus de la protection aux chocs comme aux effractions. Depuis l’extérieur, il suffit de reculer de quelques mètres et, sur la totalité du bâtiment, la maille métallique – phénomène optique aidant – se fond en une unique valeur de blanc, avec d’infimes pointes de grisé devant les vitrages et les touches discrètes en gris pâle des portes pleines.
Le club-house, également vêtu de résille RAL 9003, a reçu en toiture un complément d’isolation, ainsi qu’un bac acier. Le gris léger de ce dernier (RAL 9006), prenant la luminosité du ciel, tire vers le blanc. Aussi, le club-house tout entier s’intègre-t-il au reste de la construction, d’autant plus que les obliques de son toit font comme un écho aux incisions biaises opérées dans les façades, côté terrains et côté pistes. Il n’est pas d’élément visible, jusqu'aux volets du logement du gardien, qui n’arbore le métal déployé blanc, assemblé à une ossature tubulaire, elle-même fixée par un précadre d’acier thermolaqué blanc. Nul besoin de préciser la teinte des portails rabattables, qui, face aux terrains de jeu, parent aux accrochages entre public et sportifs !
► Retrouvez l'ensemble des plans et coupes dans exé 37 : Blanc
FICHE TECHNIQUE
PROGRAMME Réaménagement et extension des vestiaires du stade Marc-Vivien Foé
LOCALISATION Lyon (69), France
ANNÉE 2018
ARCHITECTE studio Pyc Pierre-Yves Rustant et Mathouta Vongphouthone
MAÎTRISE D'OUVRAGE Ville de Lyon
PROGRAMME Réaménagement et extension des vestiaires du stade Marc-Vivien Foé
SURFACE SHON 327 m² (réhabilitation) + 510 m² SHON (extension)
COÛT DES TRAVAUX 1 668 000 euros HT
ÉTUDES Mai 2016 à avril 2017
CHANTIER Avril 2017 (début)
LIVRAISON Novembre 2018
BUREAUX D'ÉTUDES
TCE Synapse Construction
OPC studio Pyc
ENTREPRISES
VRD Espaces Verts des monts d'or
DÉMOLITION GROS ŒUVRE Chazelle
COUVERTURE ZINGUERIE Charroin Toitures
ÉTANCHÉITÉ ZINGUERIE SMAC
ITE SRB
MENUISERIE ALU SERRURERIE BARDAGE Diagonale
MENUISERIE INTÉRIEURE BOIS Les Menuisiers du Rhône
PLÂTRERIE PEINTURE FAUX-PLAFOND Lardy
CARRELAGE FAÏENCE La Rhodanienne de carrelage
ÉLECTRICITÉ GED Rhône Alpes
CVC PLOMBERIE Idrolico
DÉSAMIANTAGE MDDD