Rédigé par Jean-Philippe Hugron | Publié le 26/06/2020
Voilà qui semble un peu provocant, une extension en céramique bleu azur par-dessus un immeuble 1900, dans le centre-ville de Carthagène. S'il se réclame d'une certaine radicalité, l'architecte Martín Lejarraga, se défend de toute forme de gratuité. « Nous sommes intervenus dans le cadre de règles d'urbanisme très strictes qui assurent le respect du patrimoine existant et invitent, lors de nouvelles interventions, à maintenir la qualité architecturale de l'ensemble », précise-t-il. La plaza del Rey, sur laquelle se situe le projet, n'est pourtant pas connue pour son harmonie ; bien des immeubles y ont été reconstruits ces cinq dernières décades à l'issue d'opérations immobilières peu respectueuses du contexte.
« Le quartier est d'un âge moyen, reconnaît l'architecte. Mais il se rajeunit progressivement, il se renouvelle. »
Ce mouvement incite des investisseurs à revenir mais, cette fois-ci, avec plus de délicatesse et d'attention. Dans ce lot, un Anglais n'a pas renoncé à l'originalité. « Notre client avait l'ambition de réhabiliter un bâtiment historique pour encourager le renouvellement urbain de Carthagène tout en respectant son histoire et son passé architectural », précise Martín Lejarraga. De fait, la construction d'origine est préservée dans son intégralité. Trois défis majeurs se sont alors posés : concevoir une extension aux limites des capacités autorisées par le plan d'urbanisme, s'assurer, dans ces circonstances, de la rentabilité de l'opération, et créer un édifice fidèle aux exigences environnementales fixées par le maître d'ouvrage. La belle affaire ! D'autant plus que l'installation d'un système géothermique à haute performance dans un bâtiment ancien n'est pas sans poser de difficultés.
À l'étude technique s'ajoute l'exercice plastique. Formellement, le nouveau volume reprend, dès les premiers plans, les mêmes hauteurs de plancher, les mêmes proportions de pleins et de vides que l'immeuble ancien. Pour autant, il s'émancipe volontiers de son support historique par des formes découpées et sinueuses. « Si la réglementation nous a obligé à reculer la façade, nous avons souhaité accentuer la différenciation formelle par une différenciation matérielle », indique l'architecte. Un « nombre infini » de solutions a été étudié mais la céramique s'est très rapidement imposée. « Son utilisation s'inscrit dans la tradition de Carthagène. Pendant la période moderniste courant de 1880 à 1920, bien des bâtiments ont été recouverts de carreaux en céramique. Ces éléments avaient une valeur décorative mais aussi une fonction protectrice », indique l'homme de l'art.
Avec les années, l’agence s’est faite, en la matière, spécialiste. « Nous nous y intéressons car elle est partout, elle nous entoure là où nous vivons ; la céramique résout aussi bien des problèmes liés à la conception même du projet, à sa durabilité et à son entretien qu’à son économie. Penser à la céramique nous permet de toucher des registres très divers, d’aller de la mise en œuvre de produits commerciaux à l'exploration ouverte de solutions nouvelles, de mobiliser un artisanat méditerranéen et de travailler la technologie la plus avancée. Nous nous intéressons également à ce matériau parce qu'il est convivial, naturel, parce qu'ayant son propre langage, il s'adapte à tous les supports », résume Martín Lejarraga. La question du bardage est donc, à ses yeux, « importante » : « c’est la manière dont le bâtiment s’exprime et acquiert un sens pour le citoyen », précise-t-il. Elle devient d’autant plus éminente que le site d’intervention est un centre historique. L’agence se réclame, à ce sujet, d’une « stratégie » qu’elle n’hésite pas à dire « radicale ». Ce type de projet appelle en effet souvent la création de « deux couches horizontales claires, différenciées et reconnaissables ». « Ces deux strates, situées ici aux hauteurs de référence +0,00 et +15,30 mètres, définissent le désir de créer deux villes en une », souligne l’architecte.
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FICHE TECHNIQUE
LOCALISATION Carthagène, Espagne
ANNÉE 2018
ARCHITECTE Martín Lejarraga
COLLABORATEURS Blanca Gutiérrez, José Botí, Jose M. Mateo, Óscar Romero, David A. Martín, Noemí Martinez, Tatiana Ioannidou
MAÎTRISE D'OUVRAGE Saratoga Properties
PROGRAMME Rénovation et surélévation d'un immeuble de logements
SURFACE DE PLANCHER 3 871 m²
COÛT 3 300 000 euros HT
LIVRAISON 2018
BUREAUX D'ÉTUDES
TCE PM Arquitectura y Gestión
GÉOTECHNIQUE Magnetis Ingeniería
GÉOTHERMIE Ingeo
FLUIDES GTM Ingeniería y Desarrollos
TÉLÉCOMMUNICATION Ingeniamur
FONDATION SPÉCIALE N-30
ENTREPRISES PRINCIPALES
GÉOTHERMIE Sondeos Caballero
REMBLAI Joviesda
STRUCTURE ACIER Ferinvlor, Acodalamientos Gosesa
ÉTAIEMENT FAÇADE RMD Kwikform Ibérica
FONDATION SPÉCIALE Solum Drilling
STRUCTURE Estructuras Consejero, Euroencofra Levante
PLANCHER BÉTON Solerplast
CFA Leoncio
TÉLÉCOMMUNICATION Instalaciones Eléctricas Lorca
PLOMBERIE SANITAIRE Novamurcia
CHAUFFAGE CLIMATISATION Clima 2008
VENTILATION Frior
PLANCHER CHAUFFANT Tradesa
ASCENSEUR Zardoya Otis
SERRURERIE Apideco
MENUISERIE ALUMINIUM Aluminios Marin Gomez
FAÇADE Cales Cafal
FAÇADE VENTILÉE Favemur
REVÊTEMENT BOIS Parklex International
PLÂTRERIE Escayolas Antonio, Yesos Campos del Río
COUVERTURE Imperaismur Tres
ÉTANCHÉITÉ Impersótanos Levante
MAÇONNERIE Nuevas Construcciones del Mar Menor
PEINTURE Franpimur Servicios
RÉNOVATION FAÇADE Pegiro
PISCINE Aquazul
MENUISERIE BOIS Doorking
PARQUET Macadam Parquet
VITRAGE Glass-Levante
CHÂPE Grupo PV
FOURNISSEURS PRINCIPAUX
BARDAGE Cerámica Mayor
BÉTON Áridos y Hormigones Blanca, Materiales Los Peñones
CASSETTE Forjados Bernabé
BRIQUE MORTIER Terrapilar
CHÂPE Puven
ISOLATION Aislamientos Lorca
PIERRE Marmolería Piernas Jódar
ÉTANCHÉITÉ PT Polimer Tecnic
CIMENT Materiales de Construcción Juan García
JACUZZI Jacuzzi Europe
SANITAIRE José María Caballero