C’est dans le New York de 1950 que Garry Winogrand (1928-1984) fait ses débuts. Il arpente les rues, appareil photo en main, capturant insatiablement la vie grouillante, du Bronx à Manhattan. Avide de voyage, il traverse également les Etats-Unis d’où il rapporte une documentation iconographique incroyablement riche sur Los Angeles, Dallas, Houston, Chicago, mais aussi sur les grands espaces de l’ouest.
C’est un goût certain pour le hasard qui transparaît dans ce vaste catalogue visuel : des ouvriers de chantier aux hommes d’affaires, en passant par des couples improbables ou les célébrités de l’époque. En abordant des thèmes comme le développement de la banlieue et son repli sur elle-même, le scepticisme de la jeunesse et le bouleversement de la vie urbaine, le travail de Winogrand est souvent considéré comme se situant à la limite du photojournalisme. Lui, préférera simplement dire qu’il est « intéressé par l’image, seulement par l’image ». Mal compris à son époque, ses clichés, parfois qualifiés d’ « informes » ou d’ « aléatoires », font aujourd’hui de lui un des principaux maîtres du mouvement de la photographie de rue.
A sa mort prématurée en 1984, il laisse derrière lui près de 6 500 bobines non développées, soit plus de 250 000 images. Ce sont ces clichés, jamais vus par l’artiste lui-même, que le Jeu de Paume en collaboration avec le musée d’Art moderne de San Francisco et la galerie nationale d’art de Washington, révèle dans une exposition sobrement intitulée Garry Winogrand, présentant pour la première fois au public, l’intégralité d’une œuvre, extrêmement prolifique, chronique sans pareille de l’Amérique d’après-guerre.