C’est en 2010 que le groupement de maîtrise d’œuvre constitué de Michel Desvigne (paysagiste mandataire), Foster & Partners, Tangram Architectes, Ingérop (bureau d’études) et Yann Kersalé (plasticien lumière) remporte le concours pour le réaménagement et la semi-piétonisation du Vieux-Port. Embouteillage incessant, trottoirs encombrés et quais inaccessibles caractérisent alors le cœur mouvementé de la ville la plus ancienne de France. Pour ainsi dire privatisé par les clubs nautiques qui l’animent, le port de plaisance était rendu inaccessible aux piétons par des barrières en bois sur 75 % de sa surface. La reconquête de ces espaces passe alors par la translation des clubs sur l’eau via des estacades en béton et des bungalows en chêne brut. Le lien ainsi rétabli entre la ville et l’eau est l’occasion d’une transformation des usages du centre-ville, et bien au-delà d’une nouvelle organisation de la cité. D’ici la livraison de la seconde et dernière phase de cette vaste opération en 2017, les Marseillais peuvent patienter à l’ombre d’un immense plateau, aiguisé comme une lame, à peine perceptible dans le grand paysage du port. Conçu par Norman Foster, à l’instar des bungalows, il a été réalisé par les architectes marseillais de Tangram. Entre art et architecture, il vient marquer d’une vaste surface, posée à 6 mètres au-dessus du sol, l’arrivée de la Canebière face à la mer ainsi que l’entrée de la station de métro « Vieux-Port/Hôtel de Ville ». En écho au traitement minéral et plan du sol, la couverture miroitante, de 22 mètres par 48 mètres, est composée de panneaux parfaitement jointifs de mousse rigide entre deux peaux en inox poli. Par les reflets de la mer ou du sol, elle place les badauds dans un entre-deux inédit. Portée par 8 poteaux de 27 centimètres de diamètre et de 2,5 centimètres d’épaisseur, la structure métallique invisible est un assemblage de PRS (profil reconstitué soudé) en acier galvanisé avec chéneau intégré. Au-delà de la nécessaire protection qu’elle apporte aux files d’attente du service de navette maritime, elle est aussi un isthme, entre pause et mouvement, dont l’aura paisible semble apaiser tout l’espace autour. Totalement ouverte, l’ombrière n’en est pas moins une pièce urbaine dont l’ambiance sonore est tout à fait particulière et surprenante.