Construit en 2011 sur l’un des trois sites de l’université technique de Munich (TUM), le bâtiment s’inscrit dans un espace vacant et permet de densifier temporairement un urbanisme périmé et hors échelle. Plurielles dans leurs formes, les constructions alentour correspondent à une écriture des années 1970-1980 où l’on bâtissait à la hâte, efficacement, à la manière des villes nouvelles. Sa facture immanquablement contemporaine se confronte directement à l’inexpressivité inhérente aux immeubles longeant des rues quadrillées. Contestant avec discrétion le caractère pusillanime environnant, il est intégré avec assurance, entre deux grands immeubles dont le plan en forme d’étoile est offensif et menaçant.
Pour faire face à une recrudescence d’inscriptions au TUM, le programme devait simplement intégrer deux grandes salles de conférences pour un temps défini. Les architectes ont satisfait à la commande avec simplicité, sur un site sans contrainte particulière d’orientation ou de dénivelé, naturellement en recul. Il en résulte un plan dépouillé, allant à l’essentiel et répondant sans détour aux besoins. De dimensions résolument plus humaines que celles de ses voisins, l’édifice consiste en un cube arborant une façade qui le protège des agressions extérieures. Un soubassement traité en joint creux et un parvis extrêmement discret terminent de l’affranchir de son environnement immédiat sans arrogance. Prenant un risque autorisé par sa fonction temporaire, tout en contraste avec ses voisins de béton blanc, il est paré d’une enveloppe noire et ondulante à la légèreté décomplexée. Son rythme original, imposant la courbe dans un contexte où la rigueur s’exprime par le trait, apporte de la souplesse à son aspect cubique. Sa tonalité, synonyme d’austérité, lui permet de trancher sur le fond blanc et de s’inscrire dans ce paysage urbain dont la constance fait finalement la différence. Pour créer l’élasticité visuelle de la façade, la découpe des tasseaux est limitée à 5 mètres de longueur. Ces éléments de sapin ont été fixés sur une structure en contreplaqué dont le profil est courbé, suivant des points haut, intermédiaire et bas. L’effet d’ondulation produit est exalté par les rayonnements rasants et fluctuants selon les angles. Cet échiquier visuel produit aussi du mouvement en fonction de l’endroit où se place le spectateur.
L’entrée du bâtiment se trouve côté est, menant vers une desserte commune des deux salles baignée de lumière naturelle, scandée par des ouvertures de modules carrés dont le rythme résonne avec la forme globale. Les trois autres façades sont pratiquement aveugles, affirmant davantage leur aspect original et un dessin épuré. Avec un plan carré, et seulement deux amphithéâtres, le parcours est léger et évident. La dichotomie récurrente entre le blanc et le noir reparaît dans le hall principal, exacerbée par deux lignes intenses de néons traçant net un trait entre les deux teintes.
La structure en bois se fait oublier dans l’espace, car intégrée dans l’épaisseur des parois extérieures et reprise en toiture par des poutres en contreplaqué. Les remplissages d'OSB entre poteaux raidissent la totalité en enfermant l'isolant, et sont laissés apparents. Cette solution technique convenait pour les dimensions des volumes intérieurs et permettait un moindre coût tout en assurant une rapidité d’exécution. L’emprise générale dessinée en coupe permet d’intégrer la hauteur nécessaire pour les gradins, réalisés dans la continuité de la structure primaire avec des poutres reprenant le même rythme et contreventées par des planches de bois massif. Sous cette découpe du volume, en dessous des gradins, sont placés tous les espaces techniques. Sans nécessité d’éclairage naturel, les deux salles de conférences sont séparées par un couloir qui est total, traversant l’espace jusqu’au plafond et menant de l’autre côté du bâtiment. Ce schisme dans le volume est noir, faisant écho à la teinte extérieure et contrastant avec le retour vers la lumière. Perpétuant un esprit monacal jusque dans les deux salles, les concepteurs n’y ont ajouté aucun ornement. Des assises, toujours noires, viennent scander l’espace avec chacune un numéro blanc, seul point de repère dans cette multitude homogène. Les néons positionnés le long des poutres révèlent légèrement la structure, et la chaleur du bois recouvrant les parois verticales adoucit l'intérieur. Un geste qui autorise étudiants et professeurs à se concentrer sur le contenu et non le contenant.
L’intérieur et l’extérieur, le sombre et la lumière, la courbe et la rigidité du trait sont les caractères qui dominent dans cette architecture antinomique. Sa durée de vie étant limitée, ne restait qu’à marquer les esprits avec cette façade en bois noir oscillante, reflétant la lumière sur le paysage urbain.