Le nom de Nanterre est connu pour son université éponyme jouxtant la Défense, dans l’ouest parisien. Il l’est moins dans le domaine de l’écologie. La commune est pourtant pionnière en matière de politique environnementale telle qu’elle la mène depuis les années 1980, comme le démontrent ses divers succès au concours du Grand Prix de l’environnement des villes et territoires d’Île-de-France. Situé en prolongation des fameuses Terrasses de Nanterre et accolé aux 14,5 hectares du parc du Chemin-de-l’Île, l’écoquartier Hoche, site d’accueil du projet, avait ainsi été récompensé par ce prix en 2009 dans la catégorie urbanisme, patrimoine et développement durable. Cette même année, les architectes de l’agence cfa remportaient le concours pour y réaliser 52 logements allant du T1 au T5. Ces derniers constituent la dernière pièce d’un projet urbain élargi, une opération pilote en matière de développement durable, destinée à accueillir, à terme, 650 habitations.
Dans ce cadre, deux parcelles autrefois occupées par d’anciennes friches industrielles sont allouées à la construction, l’ensemble devant assurer l’articulation entre des immeubles de huit niveaux et un tissu pavillonnaire datant des années 1930. À cette première problématique venaient s’ajouter les contraintes de plafonnement de hauteur à R+4 ainsi que celles d’aménager les rez-de-chaussée de plain-pied avec la rue Germaine-Tillon. Les architectes ont fait le choix de scinder l’opération en deux typologies : des logements collectifs sur l’espace public et des maisons en cœur d’îlot, lesquelles reprennent le gabarit des pavillons alentour. Alors que les demandes environnementales poussaient à la compacité maximale, la force de la proposition de cfa est un savant épannelage des volumes sur rue. Offrant une variété volumétrique bienvenue, des découpes séparent de fines masses bâties et sont autant d’astuces pour améliorer la qualité interne des habitations. Les failles permettent ainsi des distributions verticales à l’air libre, des percées visuelles en cœur d’îlot tandis que le déroulé de façade supplémentaire qu’elles offrent est mis au profit d’éclairages et de ventilations naturelles dans les pièces humides. Cette qualité mérite d’être soulignée tant il est rare de la rencontrer dans ce type de prestation. Les plus-values en termes d’habitabilité sont nombreuses : les circulations installées dans les creux du bâti et desservant deux habitations par palier sont désolidarisées des logements afin d’empêcher la transmission des bruits de chocs ainsi que les ruptures de pont thermique. La trame bâtie, variant de 4,50 mètres à 6 mètres, engendre des logements à double, voire à triple orientation, tandis que le fractionnement en hauteur permet d’installer de larges toitures-terrasses sur les parties plus basses, accessibles, selon la situation, directement ou par des passerelles liant un bloc à l’autre. Tous les autres logements sont prolongés par de confortables loggias sur lesquelles les architectes ont proposé d’installer de petits celliers. Ces derniers se différencient en façade par le bardage en mélèze utilisé également pour le façonnage des volets coulissants. Les parties habillées de tôle électrozinguée correspondent, elles, aux corps chauffés. Au-delà de leur pose impeccable, la rencontre entre les deux parements est habile : elle crée un jeu graphique sur toutes les façades, notamment celles au nord accueillant l’alignement des chambres.
En partie ouest, la parcelle faisant face à un square accueille une lame bâtie contenant des triplex, cette fois recouverte d’enduit gris ardoise comme les maisons en cœur d’îlot. Les cellules qui s’y organisent de manière imbriquée sont agrémentées de larges balcons dont les dimensions et la continuité de niveau avec les séjours les transforment en pièce extérieure supplémentaire, dès que la météo le permet. Dans quelques années, ils seront protégés par un écran de verdure. Afin de maintenir une épaisseur relativement fine, ces dalles de béton sont suspendues à l’édifice par des tirants métalliques fixés à des platines. À la jonction entre l’intérieur et l’extérieur, tout comme pour les loggias, elles sont équipées d’un joint en polystyrène pour éviter les ruptures de pont thermique. Les prestations des logements restent basiques, du linoléum gris au sol, des murs blancs, mais le travail sur l’optimisation des circulations a permis de dégager de grandes pièces de vie communes.
Les architectes revendiquent la simplicité de l’opération, néanmoins celle-ci n’est en rien simpliste et elle constitue pour l’équipe une étape au sein de leur recherche sur la qualité possible de l’habitat dans le domaine social, qu’il faut mener à bas coût. L’écueil serait alors de se concentrer sur le seul effet de bardage au détriment du travail des plans. À Nanterre, Colboc Franzen & Associés se sont posé la question de l’ordinaire et celle d’une bonne utilisation de matériaux issus de catalogues. Avec les économies réalisées, ils sont parvenus par exemple à fragmenter les volumes pour privilégier des transparences, lesquelles créent un lien incontestable avec l’espace public.