Marne-la-Vallée, créée en 1972 par la réunion de vingt-sept communes à l’est de Paris, entre la Marne et l’autoroute A4, compte environ six fois moins d’habitants que la capitale, pour un territoire supérieur de quelque 50 kilomètres carrés. The Walt Disney Compagny et l’État, représenté par un epamarne et un epafrance, œuvrent en partenariat depuis les années 1990 à son développement économique et urbain. Avec le résultat que l’on connaît ; où le centre commercial devient centre urbain, où l’on convoque Mansart, Baltard et Borromini sur chaque chantier, où la rue devient une succession de pavillons clonés et aveugles, où la pierre agrafée joue la caution patrimoniale, où la voiture est simplement indispensable. Et c’est à la limite nord de Jossigny, au milieu des champs, au sud du territoire de Mickey qu’est implanté l’hôpital MCO (médecine, chirurgie, obstétrique), calme et silencieux.
Il est un des projets phare du Plan hôpital 2012, initié par le ministre de la Santé Xavier Bertrand en 2007. Celui-ci encadre la participation financière de l’État au chevet des établissements de santé privés ou publics français. Dans un souci de modernisation et de développement de l’offre de soin à l’échelle du territoire marnovallien, il a donc été décidé la fermeture du centre de Lagny et la construction de ce nouveau pôle ; plus moderne, plus grand et plus complet, dont les 72 000 mètres carrés comptent quelque 585 lits (dont 125 en psychiatrie) et 1 700 âmes. Le volume est un parallélépipède, absolu et concis, de 200 mètres par 115, pour une hauteur d’à peine 13 mètres. Composé d’un sous-sol technique, d’un rez-de-chaussée dédié à l’accueil, aux consultations et aux urgences, d’un premier étage de blocs opératoires et de services de chirurgie, cardiologie et maternité et d’un dernier niveau réservé à la pédiatrie, la pédopsychiatrie et la psychiatrie adulte. Et le choix des architectes de concevoir un seul et même édifice compact plutôt que plusieurs entités connectées a nécessité une parfaite gestion des questions de flux, de sécurité, d’hygiène, de fonctionnement et de lumière. Et si l’objectif est atteint tout en privilégiant le confort et la lisibilité, c’est par la mise en œuvre d’un concept d’aménagement qu’ils développent depuis quelques années maintenant. Le monospace hospitalier développé par Brunet Saunier consiste en l’exploitation d’une trame structurelle fixe où prennent place plateaux libres, patios d’éclairage naturel et artères de circulation. Au sein d’un tel dédale, c’est une large palette de couleurs et une maîtrise de la transparence qui font office de signalétique ; ce sont ainsi les vides colorés qui ponctuent ce monde intérieur et en facilitent ses usages.
Et s’il n’y a point de paysage à refléter ici tant le terrain est plat, c’est une aubaine ; car les architectes ont alors fait le choix d’une matérialité artificielle et affirmée, discrète mais efficiente, concise mais pas muette. La peau évanescente mise en œuvre ici est une alternance de transparences et d’opacités constituées par des panneaux vitrés respirant avec stores intégrés et des shadow box, dont la sérigraphie de lignes blanches verticales se répète indéfiniment. Totalement évolutive puisque démontable et recomposable à souhait, elle masque avec élégance la répétitivité des ouvertures et les éléments techniques, tout en procurant protection de l’intimité et régulation des apports solaires. Parfaitement lisse et immuable, elle apporte la quiétude et la volupté qui manquent souvent à cet univers hospitalier, froid et bouleversant.